René-Samuel Sirat
Ancien Grand Rabbin de France
Iyar 5768/Mai 2O08
Avant-propos
II y a quelques semaines, durant un séjour d’études à Jérusalem, j’ai rencontré àla synagogue Hekhal Abraham animée par mon éminent ami le Grand Rabbin Eliahou Aberge1, un homme réservé, presque timide, qui m’a demandé un rendez-vous pour m’entretenir d’un projet de publication. J’ai bien entendu acquiescer, surtout 1orsque j’ai appris qu’il était le frère de mon regretté ami Prosper E1kouby zal, fondateur et directeur de l’Institut André Neher àParis.
Le projet était de publier le Hok-lé-Israël avec une traduction et des commentaires en français. J’ai spontanément etvivement encouragé mon interlocuteur dans ce projet car je me revoyais jeune fidèle de la synagogue de Bône, avant même ma Bar-Mitzva, lorsque les anciens de la communauté se réunissaient après l’office du matin pour lire et commenter les développements que les auteurs du Hok-lé-Israël avaient proposés pour chaque jour de chaque semaine, depuis le chabbat Bérèchit qui suivait les solennités d’automne et jusqu’à Vézot Habérakha dernier péricope du dernier livre du Pentateuque. Le Commentaire se faisait en judéo arabe qui est ma langue maternelle, avant même le français.
J’ai toujours beaucoup admiré l’esprit de synthèse qui permettait aux fidèles d’étudier chaque jour les versets bibliques, successivement du Pentateuque, des livres des Prophètes et des Hagiographes puis de la Michna, du Talmud (avec le commentaire de Rachi), du Zohar (le livre de la Splendeur), des enseignements des décisionnaires, principalement extraits du code de Maimonide et des textes de morale et d’éthique (1). Ainsi ces Rabbins avaient remis à l’honneur la convergence des textes fondateurs en évitant le piège dans lequel sont tombés beaucoup de maîtres d’Europe centrale et orientale en ne privilégiant que le Talmud et les dinim au détriment de l’étude des autres textes de la Tradition.
J’ai expliqué à mon interlocuteur qu’à mes yeux, il fallait accompagner cette traduction d’un apparat synthétique et d’une méthodologie spécialement conçue pour l’étude de ces textes (2). Nous avons repris à plusieurs reprises notre conversation au cours des semaines que j’ai eu le bonheur de passer à Jérusalem. J’ai appris récemment que le projet avait considérablement avancé et que les textes concernant le livre de la Genèse étaient pratiquement au point.
Je ne peux qu’exprimer mon admiration à M. Moché Elkouby, l’auteur du projet, et à tous les maîtres et Rabbins qui ont participé à ce qu’il est légitime d’appeler une aventure intellectuelle.
Que D.ieu les aide à continuer dans ce projet innovant et remarquable et à permettre au plus grand nombre de fidèles d’étudier les fondements de notre foi- surtout à ceux qui ne connaissent pas suffisamment l’hébreu et qui pourront ainsi avoir directement accès aux textes originaux – lehagdil Torah velehaadira : afin de parfaire la connaissance de la Torah et de la magnifier.
(1) On se référera à, la note imprimée en petits caractères dans nos livres de prières qui rappelle que le Rav Azoulay (le célèbre ‘Hida d’après son acronyme) recommandait la lecture quotidienne du ‘Hok-lé-Israël (Moré be’etsba’ 93) en ces termes : « c’est un livre magnifique qui, dans un style concis et bienvenu, permet de lire en peu de temps tous les éléments constitutifs de la tradition juive ; pour l’homme qui craint le seigneur….(Deut. XX ,8), c’est un ‘Hok. (Psaumes CXLVIII, 6), une règle à laquelle il ne faut jamais déroger, d’un immense profit pour l’âme ».
(2) En particulier en donnant des pistes qui éclaireront le choix des textes et sa cohérence. |