G 0101 - Guémara pour dimanche: Extrait du traité Bérakhote 18a
Les morts savent-ils ce qui se passe ici-bas?
a. Introduction: D’après la première michna du troisième chapitre du traité Bérakhote, ceux qui prennent une part active à un enterrement sont dispensés de réciter le Chéma’. La Guémara va montrer combien il est important de rendre aux morts les derniers honneurs et de ne pas donner l’impression de se moquer de leur incapacité à accomplir des Mitsvote. Incidemment, elle parlera de « la vie après la mort » en cherchant à savoir, versets à l’appui, si les morts sont informés de ce qui se passe sur la terre.
b. Traduction du passage
. Ra’hava a rapporté cet enseignement de Rav Yéhouda : Celui qui rencontre une procession funèbre et ne la suit pas sur une distance d’au moins quatre coudées fait fi du verset (Michlè 17,5) : « Railler le pauvre, c’est outrager son Auteur »: En effet, il n’y a pas plus « pauvre » que le mort et celui qui le « raille » avec mépris outrage le Créateur, dont dépend la vie et la mort.
Et si celui qui voit la procession funèbre la suit, quel sera son salaire ? Selon Rav Achi, c’est à son sujet qu’il est dit (ibid.19, 17) : « Celui qui a pitié du faible (c’est-à-dire du mort, sans force et sans recours) prête à l’Eternel qui lui paiera son dû » et encore (ibid. 14,3) : « Celui qui a eu pitié de l’indigent Le respecte ». En d’autres termes, celui qui fait honneur au mort sera récompensé comme s’il avait honoré le Créateur.
A propos de la déférence due aux morts, la Guémara rapporte l’anecdote suivante :
Rabbi ‘Hiya et Rabbi Yonatane marchaient dans un cimetière. Conscient que le fil bleu (« Tékhèlète ») du Talite de son collègue pendait et frôlait les tombes, Rabbi ‘Hiya lui dit : Relève ton Talite afin que ces morts ne disent pas : Demain ils vont nous rejoindre, et aujourd’hui ils nous narguent par leurs Tsitsiote dont nous sommes privés !
Rabbi Yonatane lui demanda : Les morts sont-ils informés de ce qui se passe ici-bas au point de savoir que nous marchons tous deux dans leur cimetière et que mon fil de Tékhèlète traîne sur leurs tombes ? Pourtant, il est écrit (Kohélète .9,5) : « Car les vivants savent qu’ils vont mourir, tandis que les morts ne savent rien » !
Rabbi ‘Hiya lui rétorqua : Si tu as lu la Bible, tu ne l’as certainement pas relue. Si tu l’as relue, tu n’as pas dû la relire une troisième fois ou alors on ne te l’a pas bien expliquée ! En réalité, « les morts » qui « ne savent rien », ce sont les méchants qui sont appelés « morts » même de leur vivant. Quant au début du verset : « Les vivants savent qu’ils vont mourir », il fait allusion aux Justes qui sont les seuls à être appelés « vivants » même après leur mort. ((>))
Cette dernière idée transparaît aussi dans le verset (II Chémouel 23,20) : « Bénayahou fils de Yéhoyada’, fils d’un homme vivant, aux nombreuses œuvres de Kabtseel. C’est lui qui a abattu les deux Ariel de Moab et qui est descendu abattre le lion dans le puits, un jour de neige ». Pourquoi Bénayahou fils de Yéhoyada’ est-il appelé « fils d’un homme vivant » ? Tous les autres seraient-ils des fils de morts ? Mais il est présenté ainsi car, par son comportement exemplaire, il mérite d’être appelé « vivant » même après sa mort.
En se référant ensuite « aux nombreuses œuvres (Pé’alim) de Kabtseel », le verset veut dire que Bénayahou a rassemblé (« Kibèts ») un grand nombre d’ouvriers (« Po’alim ») pour enseigner et diffuser la Tora de D.ieu (« El » ; selon cette interprétation, le mot Kabtseel est une forme contractée de Kibets-El »).
« C’est lui qui a abattu les deux Ariel de Moab » – par sa conduite parfaite, Bénayahou a rabaissé le prestige des générations du premier et second Temple, appelé Ariel (voir 29,1 et 7), car personne ne l’a égalé, même à cette époque-là. |