G 0013 - Guémara pour lundi
Exposé de l’extrait p.13a du traité Chabate
La pureté familiale *
Selon la troisième michna du premier chapitre du traité Chabate, il est interdit à un homme de manger à la même table que sa femme lorsqu’elle lui est défendue en raison d’un flux de trois jours consécutifs (« Zava »), car ils pourraient en arriver à s’unir ensemble malgré la grave interdiction de la Tora.
A ce propos, les Sages se sont demandé si une femme en période d’impureté menstruelle a le droit de dormir avec son mari quand ils gardent tous deux des vêtements sur eux.
b. Traduction de l’extrait p.13a du traité Chabate,
Viens, invite la Guémara, écoute ce verset à propos de l’homme vertueux (Yé’hézkel 18,6): « Il ne mange pas sur les montagnes (dans un but idolâtre), ne lève pas les yeux vers les idoles de la maison d’Israël, ne déshonore pas la femme de son prochain et n’approche pas d’une femme durant la période d’impureté menstruelle. » Le verset établit une analogie entre elle et la femme du prochain : cette dernière n’a certainement pas le droit de dormir avec un autre homme que son mari, même si elle et lui sont habillés, car il leur est défendu de s’isoler ensemble ; de même, une femme pendant la période d’impureté menstruelle ne peut pas non plus dormir avec son mari, même s’ils sont habillés tous les deux. ((>))
A ce propos, un Sage ayant étudié auprès du prophète Elie rapporte l’histoire suivante, qu’il avait entendue de son maître :
Un élève qui avait beaucoup étudié la Michna et la Tora et fréquenté un grand nombre de Sages mourut prématurément. Sa femme prit les Téfiline de son mari et fit le tour des synagogues et des maisons d’étude en déclarant: « Il est écrit dans la Tora (Dévarim 30:20) : “Car c’est là ta vie et la longueur de tes jours.” Pourquoi mon mari est-il mort prématurément, alors qu’il a beaucoup étudié la Michna et la Tora et fréquenté un grand nombre de Sages ? » Personne ne pouvait lui répondre.
Un jour, raconte le prophète Elie, elle m’en parla alors que j’étais invité chez elle. Je lui demandai : « Ma fille ! Pendant la période de ton impureté menstruelle, comment se conduisait-il à ton égard ? Aviez-vous un contact physique ? Elle me répondit: « A D.ieu ne plaise ! Il ne me touchait même pas le petit doigt ! »
– « Et Pendant la semaine de purification, comment se conduisait-il à ton égard ? »
– Il mangeait avec moi, buvait avec moi, dormait près de moi sans penser aux relations conjugales. (A l’époque, les femmes s’immergeaient dans un bain rituel à la fin du septième jour à compter du début du flux menstruel et étaient purifiées d’après la loi biblique).
Je lui dis : « Béni soit l’Omniprésent qui l’a tué, parce qu’il n’a pas tenu compte de cette mise en garde de la Tora (Lév. 18:19): « Et tu ne t’approcheras point d’une femme durant la séparation due à son impureté » !
Lorsque Rav Dimi arriva d’Erets-Israël en Babylonie, il précisa: « Le lit était large et le mari croyait à tort qu’il avait droit de coucher près de sa femme, sans que leurs corps se touchent. A l’ouest de la Babylonie, c’est-à-dire en Erets-Israël, on rapporta cette explication de Rav Yits’hak bar Yossef : Le mari pensait qu’il avait le droit de se coucher dans le même lit que sa femme parce qu’elle portait une sorte de pagne qui faisait séparation entre eux.
De prime abord, ce récit peut paraître choquant, car il laisse entendre qu’un Juste, qui se consacrait à la Tora, est mort prématurément pour avoir « négligé » involontairement une mise en garde biblique, bien qu’il ait respecté la période de séparation imposée par la loi. On pourrait répondre que ce récit vient souligner l’importance des lois de la pureté familiale, qui confèrent au couple juif et à sa descendance un haut niveau de sainteté. Cependant, pour Rav Abraham Yits’hak Kook (‘Eyn Aya), la « faute » commise par cet homme était révélatrice d’une approche erronée de la séparation mensuelle imposée au couple : en se limitant à des mesures de séparation « naturelles », « hygiéniques » et « logiques », il faisait fi du principal objectif de la Tora : rendre l’homme saint par des exigences qui vont au-delà de ce qui lui est dicté par sa nature ou son sens moral, qui n’est pas toujours fiable !)
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