N 0187 - Haftara de la semaine : II Mélakhim versets 4.1 à 4.23
Quelques rapports avec la Paracha puis traduction
Rite Séfarade 4.1 à 4.23; rite Ashkénaze 4.1 à 4.37
Deux naissances miraculeuses
(1) Contexte : Disciple et successeur du prophète Elie, Elicha’ poursuit le combat engagé par son maître contre la maison du roi A’hab ben ‘Omri qui, un siècle environ après la construction du premier Temple, répandait l’idolâtrie sous l’influence de sa femme Izével (Jézabel). Elicha’ accomplit plusieurs miracles dont ceux relatés dans la Haftara de cette semaine.
(2) Rapport de la Haftara avec la Paracha
(a) Ce passage du livre des Mélakhim a été choisi pour servir de Haftara à Parachate Vayéra en raison d’un thème commun : la naissance miraculeuse d’un fils au sein d’un couple stérile : chez Abraham et Sara dans la Paracha, et au foyer de la Chounamite dans la Haftara.
(b) Après avoir secouru miraculeusement une veuve dont les deux enfants allaient être pris comme esclaves en paiement de ses dettes, le prophète Elicha’ est reçu avec tous les honneurs par une habitante de la ville de Chounam et son mari. Pour récompenser cette femme stérile, il lui promet qu’elle va donner naissance à un fils.
(c) La promesse d’Elicha’ se réalise l’année suivante.
(d) Cependant, quelques années plus tard, ce fils est pris d’un malaise subit et meurt dans les bras de sa mère.
(e) Sans en référer à son mari, la Chounamite décide d’aller trouver le prophète Elicha, dans l’espoir qu’il accomplisse un miracle et ramène son fils à la vie.
(f) Informé de la situation, le prophète Elicha’ presse Gué’hazi, son serviteur, de se rendre au chevet de l’enfant et de tenter de le réanimer en lui mettant son bâton sur la figure .
(g) Lorsque Elicha’ parvient à son tour au domicile de la Chounamite, son serviteur lui annonce que l’enfant est toujours inanimé.
(h) Elicha’ supplie D.ieu d’opérer un miracle et parvient à ramener l’enfant à la vie.
(i) Il est intéressant de noter que la comparaison entre Yits’hak et le fils de la Sunamite ne s’arrête pas à leur naissance miraculeuse. En effet, selon le Zohar, Yits’hak mourut lui aussi – lors de la ‘Akéda – et fut ressuscité.((>))
(3) Traduction de la Haftara incluant des commentaires des Métsoudote.
4.1. La femme d’un des jeunes prophètes, la veuve du prophète ‘Ovadia, vint se plaindre à Elicha’, en disant : « Ton serviteur, mon époux, est mort : tu sais que ton serviteur révérait L’Eternel. Or, le créancier est venu prendre mes deux jeunes enfants pour en faire ses esclaves et se faire rembourser ainsi le montant de sa créance ».
2. Elicha’ lui répondit : « Que puis-je faire pour toi ? Dis-moi ce que tu possèdes dans ta demeure », car la bénédiction a besoin d’un support matériel.
« Ta servante, répondit-elle, ne possède rien de plus, dans sa demeure, qu’un vase d’huile. »
3. Il reprit : « Va emprunter des vases au dehors, chez tous tes voisins, des vases vides, mais pas en petit nombre.
4. A ton retour, tu fermeras la porte sur toi et sur tes fils, tu rempliras tous ces vases, et à mesure qu’ils seront pleins, tu les mettras à part. »
5. Elle le quitta. Elle ferma la porte sur elle et sur ses fils : ils lui présentèrent les vases et elle y versa l’huile.
6. Puis, lorsque les vases furent remplis, elle dit à son fils : « Présente-moi encore un vase ! » « Il n’y a de plus de vase » répondit-il. Et l’huile tarit.
7. Elle vint l’annoncer à l’homme de D.ieu qui dit : « Va vendre cette huile, et paie ta dette ; puis, toi et tes fils, vous vivrez avec le surplus. »
8. Il arriva, un jour, qu’Elicha’ se rendit dans la localité de Chounam. Là vivait une femme riche, qui le pressa de manger chez elle. Depuis, chaque fois qu’il passait par cette ville, c’est là qu’il entrait pour manger.
9. Elle dit à son époux : « Certes, je sais que c’est un homme de D.ieu, un saint, cet homme qui nous visite toujours, et nous devons donc lui faire honneur en lui réservant un endroit dans notre maison. C’est pourquoi,
10. préparons, je te prie, une petite chambre haute maçonnée, et plaçons-y, pour son usage, lit, table, siège et flambeau ; lorsqu’il viendra chez nous, il pourra s’y retirer tout seul ».
11. Or, un jour, passant par là, il se retira dans la chambre haute et y coucha.
12. Et il dit à Gué’hazi, son serviteur : « Appelle cette Chounamite. » Il l’appela, et elle se présenta devant lui.
13. Il dit à Gué’hazi : « Parle ainsi à cette femme : Puisque tu t’es donné pour nous tout ce trouble, que faut-il faire en ta faveur ? Faut-il parler pour toi auprès du roi ou du général d’armée ? » Elle répondit : « Je vis tranquille au milieu de mon peuple et de ma famille, et je n’ai à me plaindre de personne, si bien que je n’ai aucun besoin qu’on intervienne en ma faveur ».
14. Il demanda encore à son serviteur, après le départ de la Chounamite : « Que faire pour elle ? » Gué’hazi répondit : « En vérité, elle n’a pas de fils, et son époux est un vieillard. Si tu lui permets d’avoir un enfant, cela sera la plus belle récompense pour toute la peine qu’elle s’est donnée pour toi ! »
15. Il dit : « Appelle-la. » Il l’appela, et elle se présenta sur le seuil.
16. Il lui dit : « A pareille époque, au retour de cette saison, dans neuf mois, tu presseras un fils dans tes bras. » Elle répondit : « Ah ! Mon seigneur, homme de D.ieu, ne déçois pas ta servante en lui donnant un fils qui ne vivrait pas longtemps ! »
17. Cette femme conçut, et elle mit au monde un fils à pareille époque, au retour de la même saison, ainsi que l’avait dit Elicha’.
18. L’enfant grandit. Or, un jour, il était allé trouver son père, auprès des moissonneurs ;
19. Pris de douleurs soudaines, il cria à son père : « Ma tête ! Ma tête ! » Celui-ci dit au serviteur : « Porte-le chez sa mère. »
20. Il l’emporta et le remit à sa mère ; il resta dans son giron jusqu’à midi et mourut.
21. Alors elle monta, le plaça sur le lit de l’homme de D.ieu, le prophète Elicha, ferma sur lui la porte, et sortit.
22. Elle manda son époux et lui dit : « Envoie-moi, je te prie, un serviteur avec une ânesse, je cours chez l’homme de D.ieu, le prophète Elicha’, et je reviens. »
23. Il répondit : « Pourquoi vas-tu chez lui aujourd’hui ? Il n’y a point de néoménie*, point de Chabate. » Elle répondit : « Sois tranquille ! » Elle ne révéla pas ses intentions à son mari car, comptant sur un miracle pour rendre la vie à son fils, elle a jugé préférable de garder à ce sujet la plus grande discrétion.
Ici se termine la Haftara rite Séfarade
24. Elle sella l’ânesse et dit à son serviteur : « Conduis toujours, et n’arrête ma course que lorsque je te l’ordonnerai.»
25. Elle voyagea ainsi, et parvint jusqu’à l’homme de D.ieu, au mont Carmel. L’apercevant de loin, l’homme de D.ieu comprit que cette visite inopinée était motivée par un grave problème. En conséquence, il dit à Gué’hazi son serviteur : « Voici la Chounamite !
26. Or ça, cours à sa rencontre, et dis-lui : Es-tu en paix ? Ton époux est-il en paix ? en paix l’enfant ? » Elle répondit : « En paix. »
27. Arrivée près de l’homme de D.ieu, sur la montagne, elle embrassa ses pieds. Gué’hazi se disposait à la repousser, mais l’homme de D.ieu dit : « Laisse-la, car son âme est attristée ; L’Eternel m’en a caché la cause, il ne me l’a pas révélée. »
28. Elle dit : « Est-ce que j’avais demandé un fils à mon seigneur ? N’ai-je pas dit : Ne me déçois point en me donnant un fils condamné à mourir à court terme ?
29. Elicha’ dit à Gué’hazi : « Ceins tes reins afin de pouvoir marcher le plus rapidement possible, prends mon bâton dans ta main et pars. Si tu rencontres quelqu’un, ne le salue point ; si quelqu’un te salue, ne lui réponds point afin de ne pas perdre un instant. Tu poseras mon bâton sur le visage de l’enfant.
30. La mère de l’enfant s’écria à l’adresse de Elicha’: « Par L’Eternel et par ta propre vie si je te quitte ! » Il se leva et la suivit.
31. Gué’hazi les avait devancés ; il avait posé le bâton sur le visage de l’enfant, mais pas un souffle, pas un mouvement. Gué’hazi a échoué dans sa mission, parce qu’il n’avait pas suivi à la lettre les instructions d’Elicha’. En chemin, il s’était vanté en annonçant à tout le monde qu’il allait ressusciter un mort. Il retourna à la rencontre du prophète et lui dit : « L’enfant n’est pas revenu à lui ».
32. Elicha’ rentra dans la chambre, et il vit l’enfant inanimé, étendu sur son lit.
33. Il alla fermer la porte sur eux, puis invoqua l’Eternel.
34. Il monta sur le lit, se coucha sur l’enfant, appliqua sa bouche sur sa bouche pour insuffler son propre souffle à l’enfant, ses yeux sur ses yeux, ses mains sur les siennes, et resta étendu sur lui ; la chaleur revint dans les membres de l’enfant.
35. Elicha’ quitta le lit, parcourut la chambre en long et en large, s’étendit de nouveau sur l’enfant ; celui-ci éternua par sept fois et rouvrit les yeux.
36. Le prophète appela Gué’hazi et dit : « Appelle cette Chounamite ». Il l’appela, elle vint à lui, et il dit : « Emporte ton fils ! »
37. Elle vint tomber à ses pieds et se prosterna contre terre, puis elle prit son fils et se retira.
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