G 0221- Guémara pour mercredi :
Extrait du traité Baba Kama 50a
Le mode de conduite de D.ieu envers les justes et envers les méchants
(1) Introduction : D’après la michna (Baba Kama 49b) celui qui a creusé une citerne dans le domaine public est responsable des dommages causés aux hommes, aux animaux ou aux objets.
(2) La Guémara précise : Celui qui a creusé une citerne est dispensé de toute indemnité s’il a donné au public l’autorisation de boire l’eau de la citerne ou de l’utiliser pour abreuver leur bétail. Les Sages ont attesté que Né’hounya, « le creuseur de puits », célèbre pour sa piété, respectait aussi cette règle ; il autorisait toujours le public à utiliser l’eau des puits qu’il creusait pour la collectivité et, notamment, à l’intention de ceux qui se rendaient à Jérusalem pour les fêtes de pèlerinage.
A ce propos, la Guémara raconte : Un jour, la fille de Né’hounya, « le creuseur de puits », tomba dans une grande citerne. Quand on vint en informer Rabbi ‘Hanina ben Dossa, il rassura ses visiteurs pendant les deux premières heures en affirmant qu’elle était en bonne santé. Au bout de trois heures, il leur annonça qu’elle avait pu remonter de la citerne.
La jeune fille révéla par la suite qu’elle avait été tirée d’affaire grâce à un bélier – comme celui offert sur l’autel à la place de Yits’hak – conduit par un vieillard (Abraham).
Quand on demanda à Rabbi ‘Hanina ben Dossa comment il avait su que la jeune fille serait saine et sauve, il répondit : « Il est impossible que la descendante d’un Juste comme Né’hounya périsse dans une citerne, alors que celui-ci a peiné toute sa vie pour en creuser dans l’intérêt général ! »
Néanmoins, ajoute Rabbi A’ha, le fils de Né’hounya mourut de soif. En effet, il est écrit (Téhilim 50,3) : « Autour de Lui, c’est une violente tempête (Niss’ara) » ; ce verset laisse entendre que, dans ce monde, le Saint béni soit-Il punit les Justes, qui sont proches et « autour de Lui », même pour une faute aussi ténue qu’un cheveu (Sé’ara) – et le mérite de Né’hounya ne suffit pas à annuler la sentence de mort prononcée par le Ciel pour le péché bénin de son fils.
Rabbi Né’hounya déduit cette idée du verset (ibid. 89,8) : « D.ieu est infiniment révéré dans la réunion des saints, redoutable à tous ceux qui L’entourent ».
Rabbi ‘Hanina déclare : On fera des concessions sur la vie de celui qui affirme que le Saint béni soit-Il en fait vis-à-vis des pécheurs, car il est dit (Dévarim 32,4) : « Lui, notre Rocher, Son œuvre est parfaite ; toutes Ses voies sont la justice même ».
Dans le verset qui énumère les treize Attributs de miséricorde, on trouve l’expression « Erekh Apayim » (Chémote 34,5), au pluriel, traduite communément par « longanime ». Mais Rabbi ‘Hana (ou Rabbi Chémouel bar Na’hmani, suivant une autre version) en déduit que D.ieu fait preuve d’une double « longanimité » : Il ne récompense pas immédiatement les Justes, afin d’augmenter leurs mérites dans le monde futur, et Il ne punit pas tout de suite les méchants afin de leur laisser le temps de se repentir.((>)) |