G 0245 - Guémara pour Dimanche :
Extrait du traité Bérakhote, p. 35a
La récitation des bénédictions et l’observance de la Tora amènent la bénédiction du Ciel
a. Introduction : La première michna du sixième chapitre du traité Bérakhote a indiqué les bénédictions qui doivent être récitées sur les fruits de l’arbre, le vin, les fruits et les légumes, et le pain.
A ce propos, la Guémara va rapporter plusieurs enseignements, versets à l’appui :
- Ne pas réciter de bénédiction avant de manger, c’est commettre un sacrilège, voler D.ieu et la communauté d’Israël.
- La réussite matérielle dépend de l’observance de la Tora.
- L’idéal serait de pouvoir étudier sans cesse sans soucis matériels, mais la grande majorité des gens doivent concilier l’étude et les occupations professionnelles.
(2) Rav Yéhouda déclare au nom de Chémouel : Goûter aux plaisirs de ce monde en consommant un aliment sans prononcer la bénédiction appropriée, est comparable à la jouissance sacrilège des biens sacrés, car il est dit (Téhilim 24,1) : « A D.ieu, la terre et ce qui la remplit ». Autrement dit, tous les produits agricoles Lui appartiennent, comme s’ils Lui avaient été consacrés. En conséquence, celui qui en tire profit sans reconnaître, par la bénédiction, le vrai Propriétaire, commet un sacrilège.
De même, pour résoudre la contradiction apparente entre les versets : « A D.ieu, la terre et ce qui la remplit » et « Les cieux sont les cieux pour l’Eternel, et la terre, Il l’a donnée aux fils de l’homme » (ibid.115, 16), Rabbi Lévi a expliqué : Avant la bénédiction, les produits de la terre sont considérés comme la propriété du Créateur ; après la bénédiction, ils sont donnés aux hommes pour leur usage personnel.
Faisant écho à Rav Yéhouda au nom de Chémouel, Rabbi ‘Hanina bar Papa déclare : Goûter aux plaisirs de ce monde en consommant un aliment sans prononcer la bénédiction appropriée, c’est comme voler à la fois le Saint béni soit-Il, en ne Lui rendant pas l’hommage qui Lui était dû, et la Communauté d’Israël, qui aura moins de fruits à cause de ce péché.
Ce double vol est évoqué dans le verset (Michlè 28,24) : « Voler son père et sa mère en disant que ce n’est pas un crime, c’est se faire le compagnon de l’homme destructeur ». « Son père » fait allusion au Saint béni soit-Il, puisqu’il est dit (Dévarim 32,6) : « N’est-il pas ton Père, ton Créateur ? ». Et « sa mère » fait allusion à la communauté d’Israël, car il est dit (Michlè 1,8) : « Ecoute, mon fils, la réprimande de ton père, et ne délaisse pas l’enseignement de ta mère », c’est-à-dire la Tradition transmise au sein de la communauté d’Israël de génération en génération. Dans la même optique, la fin du verset de Michlè – « C’est se faire le compagnon de l’homme destructeur » – se comprend ainsi : Celui qui donne le mauvais exemple en s’abstenant de réciter une bénédiction avant de manger est assimilé à Yorov’am fils de Nébate qui a éloigné les Enfants d’Israël de leur père céleste en se livrant à l’idolâtrie aux yeux de tous (voir I Mélakhim chap. 15).
Nous avons vu précédemment que, d’après Rabbi Lévi, les produits de la terre passent de la propriété du Créateur à celle des hommes grâce à la bénédiction récitée avant de manger.
De même, pour résoudre la contradiction apparente entre les versets : « Je reprendrai Mon blé en son temps » (Hochèa’ 2,11) et « Tu récolteras ton blé » (Dévarim 11,14), Rabbi ‘Hanina bar Papa a expliqué : « Tu récolteras ton blé », assure le Saint béni soit-Il au peuple d’Israël, si tu accomplis Ma volonté ; sinon, Moi, « Je reprendrai Mon blé ».
A propos du verset : « Tu récolteras ton blé », la Guémara présente une discussion fondamentale entre deux Sages :
Rabbi Yichma’el y voit l’autorisation et même la recommandation de mener de front l’étude et les occupations professionnelles, car on ne peut se consacrer sérieusement à l’étude sans assurer sa subsistance.
Rabbi Chim’one ben Yo’haï objecte: Si l’homme laboure au temps des labours, sème au temps des semailles, moissonne au temps de la moisson, bat le blé au temps du battage et vanne au temps du vannage, qu’adviendra-t-il de la Tora ? Quand sera-t-il disponible pour l’étude ? En fait, explique-t-il, quand les Enfants d’Israël accomplissent la volonté divine, ils n’ont pas besoin de travailler, car d’autres le font pour eux ; dans le cas contraire, ce sont eux qui doivent travailler pour eux-mêmes, suivant la prédiction biblique : « Tu rassembleras ton blé ». Et dans ce cas, ils sont amenés de surcroît à travailler pour les nations étrangères, puisqu’il est dit (Dévartm 28,48) : « Tu serviras tes ennemis ».
Abayè tranche cette discussion, en affirmant : « Beaucoup ont suivi l’avis de Rabbi Yichma’el et cela leur a été profitable ; beaucoup d’autres ont voulu se consacrer à la Tora, comme le recommandait Rabbi Chim’one ben Yo’haï, et cela ne leur a pas été profitable ni sur le plan matériel ni sur le plan spirituel – car seule une élite peut se conformer à ce mode de vie.((>))
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