Israël est-il le fils des Patriarches ou celui de D.ieu ?
a. Introduction : Selon la première michna du neuvième chapitre de Chabat, on devait attacher, à Kipour, une langue écarlate sur la tête du bouc émissaire, car il est dit ( Yéch’aya 1,18) : « Oh ! Venez, réconcilions-nous (VénivaKH’Ha), dira l’Eternel ! Vos péchés fussent-ils comme l’écarlate (Kachanim), ils peuvent devenir blancs comme neige. » La Guémara va apporter des éclaircissements et des enseignements allégoriques sur ce verset.
b. Traduction du passage
. En hébreu, l’écarlate est désigné par le mot « Chani ». Dès lors, dans le verset rapporté ci-dessus, au lieu de « Kachanim », il aurait fallu écrire « Kachani » !
En fait, à travers cet indice scripturaire, Rabbi Yits’hak perçoit ce message implicite du Saint béni soit-Il aux Enfants d’Israël : « Vos péchés seraient-ils aussi nombreux que les années (Kachanim) écoulées depuis la Création du monde, ils peuvent devenir blancs comme neige.
. Sur ce même verset, Rava demande : Le prophète aurait dû dire « Venez (vers Moi) » au lieu de « Allez », et « dit l’Eternel », au présent, au lieu de « dira l’Eternel », au futur !
En réalité, explique Rava, le verset doit se comprendre ainsi : Dans le futur, au jour du Jugement dernier, le Saint béni soit-Il dira aux Enfants d’Israël : Allez trouver vos ancêtres pour qu’ils vous réprimandent (VéyoKHi’Hou) gentiment. Ils Lui répondront : Maître du monde ! Chez qui irons-nous pour recevoir de douces réprimandes ?
--> Chez Abraham, qui n’a pas imploré Ta miséricorde lorsque Tu lui as annoncé : « Sache-le bien, ta descendance séjournera sur une terre étrangère, où elle sera asservie et opprimée durant quatre cents ans » (Béréchite 15,13) ?
--> Chez Yits’hak, qui a adressé à ‘ Essav cette bénédiction : « Après avoir plié sous le joug (de Ya’akov), tu t’en affranchiras », sans implorer Ta miséricorde en notre faveur ?
--> Chez Ya’akov, qui n’a pas imploré Ta miséricorde en notre faveur lorsque Tu lui as annoncé (Béréchite 46,4) : « Moi-même Je descendrai avec toi en Egypte (où tes descendants seront asservis) » ?
Chez qui donc irons-nous pour recevoir de douces réprimandes alors que les trois Patriarches n’ont pas eu pitié de nous ? Dès lors, nous préférons que l’Eternel les dise Lui-même !
Alors le Saint béni soit-Il leur répondra : Puisque vous vous en remettez en Moi, « vos péchés fussent-ils comme l’écarlate, ils peuvent devenir blancs comme neige ».
. La même idée apparaît dans un autre passage biblique. En effet, il est écrit (Yéch’aya 63,16) : « C’est Toi qui est notre père, car Abraham ne nous connaît pas. C’est Toi, Eternel, qui est notre père, notre sauveur de tous temps, tel est Ton nom » ? Quel est le sens de ce verset ? Rabbi Chémouel bar Na’hmani explique au nom de Rabbi Yonatane :
--> Dans le futur, le Saint béni soit-Il dira à Abraham : « Tes enfants ont péché contre Moi ! » Abraham Lui répondra : « Maître du monde ! Qu’ils soient effacés de la surface de la terre pour avoir porté atteinte à la sainteté de Ton nom !»
--> Alors, D.ieu se dira : Je vais aller trouver Ya’akov qui implorera peut-être la miséricorde pour ses enfants qu’il a élevés avec peine. Il lui dira donc : « Tes enfants ont péché contre Moi ! » Mais Ya’akov répondra, lui aussi : « Maître du monde ! Qu’ils soient effacés de la surface de la terre pour avoir porté atteinte à la sainteté de Ton nom ! »
--> N’ayant pas trouvé de plaidoyer chez le grand-père (Abraham) ni un bon conseil chez le petit-fils (Ya’akov), D.ieu dira alors à Yits’hak : « Tes enfants ont péché contre Moi ! » Yits’hak répondra : « Maître du monde ! Sont-ils mes enfants et pas les Tiens ? Pourtant, lorsqu’ils ont déclaré (au mont Sinaï) : “Nous accomplirons (Tes commandements) et nous écouterons”, Tu les as appelés : “Mon fils premier-né” (Chémote 4,22). De plus, combien de péchés ont-ils pu commettre contre Toi ? La durée de vie moyenne d’un être humain est de soixante-dix ans. Enlève les vingt premières années de son existence durant lesquelles Tu l’exemptes de tout châtiment ; il en reste cinquante. Enlève la moitié pour les heures de sommeil ; il n’en reste plus que vingt-cinq. Enlève encore la moitié pour les heures consacrées à la prière, aux repas et aux besoins naturels ; il n’en reste plus que douze et demie. Dès lors, si Tu es prêt à supporter les fautes qu’ils ont commises pendant ce temps-là, tant mieux ; sinon, que la moitié soit à Ta charge et l’autre moitié à la mienne ! Et même si elles étaient toutes à ma charge, je serais en droit de Te demander de les effacer, car je me suis offert tout entier à Toi lors de la ‘Akéda* ! »
A ce moment-là, les Enfants d’Israël diront à Yits’hak, pleins de reconnaissance : « C’est toi qui est notre père », car tu as été le seul à prendre notre défense. Mais Yits’hak leur répliquera : « Adressez plutôt vos louanges au Saint béni soit-Il ! » Et il pointera son doigt vers le ciel. Aussitôt, ils tourneront leurs regards vers les cieux et proclameront : « C’est Toi, Eternel, qui est notre père, notre sauveur de tous temps, tel est Ton nom !»((>)) |