Comment favoriser le repentir du Gazlane*
a. Introduction : Selon la première michna du neuvième chapitre de Baba Kama, le Gazlane, qui a commis un vol au vu et au su de tous est tenu, d’après la lettre de la loi, de restituer le bien au propriétaire.
La Guémara va montrer que les Sages incitent parfois à une certaine indulgence à l’égard des voleurs afin de faciliter leur repentir.
b. Traduction du passage
. Nos maîtres ont enseigné dans une baraïta* : Lorsque des voleurs et des prêteurs à intérêt proposent de rendre ce qu’ils ont pris indûment, le propriétaire doit refuser ; celui qui accepte n’est pas vu d’un bon œil par les Sages.
Rabbi Yo’hanane ajoute une précision d’ordre historique : Cette règle a été enseignée à l’époque de Rabbi Yéhouda Hanassi, comme en témoigne la baraïta suivante : Un jour, un voleur voulut se repentir, mais sa femme le dissuada en lui disant : « Vaurien ! Si tu te repens (en rendant tout ce que tu as volé), tu n’auras même plus une ceinture ! » A ce moment-là, on statua : Lorsque des voleurs et des prêteurs à intérêt proposent de rendre ce qu’ils ont pris indûment, on doit refuser ; celui qui accepte n’est pas vu d’un bon œil par les Sages.
. Cependant, objecte la Guémara, cette règle semble contredite par la baraïta suivante : « Les enfants d’un prêteur à intérêt ne sont pas tenus de rendre l’argent laissé par leur père, même s’ils savent qu’il s’agit d’un gain usuraire. » Sous-entendu, le père, lui, y est tenu de son vivant !
Réponse : En vérité, il n’est pas obligé, lui non plus. La baraïta a parlé de ses enfants, parce qu’elle voulait enseigner ensuite cette autre règle, qui s’applique à eux seuls : « S’il a laissé à ses enfants des biens réputés volés – comme une vache, un Talite ou tout autre objet facilement identifiable – ils doivent les rendre par respect pour leur père, afin de le réhabiliter à titre posthume dans la mémoire des hommes.
. Sont-ils réellement obligés de l’honorer de la sorte ? interroge la Guémara. Pourtant il est écrit ( Chémote 22,27) : « Ne maudis point le chef au sein de ton peuple » et on déduit de ce verset que seul celui qui respecte les lois du peuple juif est digne de respect – et non un voleur !
On peut donner la même réponse que Rav Pin’has sur une question similaire, à savoir que la baraïta parle ici d’un voleur repenti qui, dès lors, redevient digne de respect.
- S’il s’est repenti, comment se fait-il que les biens volés se trouvent encore en sa possession ?
- Il a voulu les rendre, mais il est mort avant d’avoir eu le temps de le faire.((>)) |