N 0043 - Haftara de la semaine : Yécha’ya (Isaïe)
Quelques rapports avec la Paracha puis traduction
Rite séfarade 42.5 à 42.21; rite ashkénaze 42.5 à 43.10
De l’inéluctabilité de la Guéoula (Délivrance)*
(1) Introduction : Issu de la tribu de Yéhouda (Juda), le prophète Yécha’ya exerce sous le règne de ‘Ouzia, Yotam, A’haz et ‘Hizkiya (Ezéchias) ; à cette époque, l'Assyrie et l'Egypte sont les puissances dominantes.
Dans son message, Yécha’ya exhorte Israël à se fier uniquement à D.ieu et surtout pas aux alliances avec les autres Etats. Ainsi, sous le règne de ‘Hizkiya, fils et successeur de A’haz, San’hériv (Sénnachérib) roi d’Assyrie envahit le royaume de Yéhouda et met le siège devant Jérusalem. Cependant, comme Yécha’ya l’avait annoncé, une épidémie décime les armées de San’hériv et la ville est sauvée par D.ieu, sans l’aide de l’Egypte à laquelle ‘Hizkiya avait demandé assistance. Dans son Livre, Yécha’ya, critique sévèrement le comportement du peuple, notamment pour ses pratiques idolâtres, son manque d’attachement aux valeurs religieuses et morales.
Il prédit la fin du royaume d’Israël et la destruction du premier Temple, mais adresse également des paroles de consolation et d'espoir, en annonçant la Délivrance ultime après les malheurs subis par Israël.
(2) Haftara (Rapport avec la Paracha)
. Le passage de Yécha’ya (Isaïe) chapitre 42 a été choisi comme Haftara parce qu’il évoque notamment, comme la Paracha, la Création des cieux, de la terre, et de l’homme.
Au verset 5 du chapitre 42, il est dit en effet : « Ainsi parle le Tout-puissant, l’Eternel qui a créé les cieux [….], qui a étalé la terre, qui donne une âme aux hommes qui l’habitent ». Puisqu’Il a pu faire exister le monde à partir du néant et créer un homme doté d’une âme, Il aura certainement le pouvoir de délivrer Israël des affres de l’Exil, même si celles-ci nous aveuglent au point de nous faire perdre tout espoir.
Aussi, lors de la Guéoula* (Délivrance*) finale et de la venue du Machia’h, le monde se retrouvera dans l’état de perfection originel. Alors, l’humanité tout entière reconnaîtra le Nom béni pour D.ieu et Le servira. Telle est la mission d’Israël : être « une lumière pour les nations », afin qu’elles aussi viennent accueillir le Machia’h le moment venu.
. Pour nous convaincre de la réalisation des prophéties sur la Délivrance, il nous suffit de constater que les anciennes – concernant l’asservissement d’Israël, la destruction du Temple et l’exil d’Israël en Babylonie – se sont accomplies.
. En ces diverses circonstances, dit l’Eternel, « Je suis resté muet » devant les souffrances que les nations infligeaient à Mon peuple, « J’ai gardé le silence et me suis contenu » pour ne pas laisser éclater ma colère à leur égard. Mais au temps de la Délivrance, « Je vais crier comme une femme qui enfante et tout détruire d’un souffle », en exterminant les païens qui vous ont opprimés injustement.
. Alors, la Création tout entière, « chantera à l’Eternel un chant nouveau » et le couvrira de louanges qui seront entendues « jusqu’à l’extrémité de la terre ».
. Le Machia’h, qui sera le maître d’œuvre de la Délivrance, saura s’imposer aux nations par sa Sagesse. Alors s’accomplira le plus cher désir du Nom béni : « sa Tora sera grande et glorieuse », car elle sera partagée par l’humanité tout entière.
Livre de Yécha’ya, chapitre 42
(3) Traduction incluant des commentaires des Métsoudote*.
42.5. Ainsi parle le Tout-puissant, l’Eternel qui a créé les cieux et les a déployés à la manière d’une tente, qui a étalé la terre avec ses productions, qui donne une âme aux hommes qui l’habitent, et un souffle vital à ceux qui la foulent, c'est-à-dire à tous les autres êtres vivants :
6. Moi, l’Eternel, Je t’ai appelé toi, le Machia’h’, en toute justice, et Je te tiens par la main pour t’aider à réussir dans toutes tes entreprises ; Je te protège et te façonne, je te donne la force de faire comprendre à Mon peuple qu’il se doit d’être fidèle à Mon alliance et d’être une lumière pour les nations,
7. Je te donne la force de dessiller les yeux frappés de cécité, afin que tous Me reconnaissent pour D.ieu, de tirer le captif – Israël – de la prison babylonienne dans laquelle il est enfermé, et de tirer du cachot ceux qui vivent dans les ténèbres.
8. Je suis l’Eternel, c’est Mon nom ! Il m’appartient en propre, au contraire des noms des idoles qui ne leur sont pas spécifiques. Je ne cède Ma majesté à aucune autre idole – autrement dit, Je décide désormais de juger avec rigueur les peuples païens qui servent les divinités étrangères au lieu de Me reconnaître – ni ne cède Ma louange à des idoles sculptées.
9. Les anciennes prophéties prévoyant que San’hériv (Sennachérib), le fameux roi assyrien, ne parviendrait pas à conquérir le royaume de Juda, à l’époque du roi ‘Hizkiya, voilà, elles se sont accomplies, et les nouvelles concernant la Délivrance finale*, Je les annonce ; avant même qu’elles ne germent et commencent à se réaliser, Je vous les fais connaître.
10. Chantez à l’Eternel un chant nouveau ! Que Sa louange se fasse entendre jusqu’à l’extrémité de la terre ! Voyageurs de la mer, êtres qui la peuplez, îles avec vos habitants, vous tous, vous entonnerez Sa louange ! Car vous reconnaîtrez le Créateur.
11. Que le désert et ses villes – où vivent les nomades – élèvent la voix en un chant puissant, ainsi que les bourgades où demeure la peuplade Kédar ; que les habitants des rochers – les morts qui ressuscités – chantent la louange de l’Eternel, qu’ils poussent des cris de joie du sommet des montagnes.
12. Qu’ils rendent hommage à l’Eternel, qu’ils proclament Sa gloire dans les îles.
13. L’Eternel s’avance comme un héros pour apporter la Délivrance à Israël ; comme un guerrier, Il réveille Son ardeur pour le venger, Il fait éclater Sa voix, Il pousse le cri de guerre, Il déploie Sa puissance contre Ses ennemis.
14. Depuis trop longtemps Je reste muet face aux souffrances que les nations infligent à Mon peuple, Je garde le silence, Je Me contiens et ne laisse pas éclater Ma colère, mais maintenant Je vais crier comme une femme qui enfante et tout détruire d’un souffle.
15. Je vais ravager montagnes et collines, c’est-à-dire anéantir les rois et les gouvernants païens, dessécher toute leur verdure, les sujets de ces souverains idolâtres, changer tous ces peuples comparés à des cours d’eau en îles désertes et assécher les étangs.
16. Je conduirai les enfants d’Israël vers leur terre en les guidant, comme des aveugles sur une route à eux inconnue et Je les ferai cheminer dans des sentiers qu’ils ignorent. Je changerai devant eux les ténèbres en lumière, car celui qui emprunte un chemin inconnu est comme dans l’obscurité et [Je changerai aussi] les aspérités en terrain uni, comme Je l’ai fait depuis la sortie d’Egypte et Je n’omettrai rien de tout cela dans le futur.
17. Alors reculeront, couverts de honte, ceux qui se fient à des idoles de pierre comme l’homme qui bat en retraite et se cache pour dissimuler sa honte, ceux qui disent à des idoles de fonte : « Vous êtes nos dieux ! »
18. Vous les Enfants d’Israël qui êtes sourds à la parole de l’Eternel, entendez ; aveugles, ouvrez les yeux et voyez tous les bienfaits qui vous sont réservés.
19. Parmi les « aveugles » et les « sourds », J’inclus les meilleurs d’entre vous. En effet, qui mérite le plus d’être appelé aveugle sinon Mon serviteur, restant passif à la vue des péchés de ses contemporains ? Qui est sourd sinon le messager et demeurant pourtant sans réaction lorsqu’il entend les méfaits de ses coreligionnaires ? Qui est aveugle plus que l’homme pétri de perfection, qui est aveugle plus que le serviteur de l’Eternel ?
20. Toi aussi, Yécha’ya Mon serviteur, tu mérites d’être appelé « aveugle », car tu as entrevu bien des choses grâce à ta sagesse, mais tu t’es bien gardé d’en tirer profit pour détourner ton prochain du mauvais chemin. Tu mérites également le qualificatif de « sourd », car tu as des oreilles bien ouvertes pour écouter et comprendre Mes commandements, mais tu fais comme si tu ne les avais pas entendus, sans chercher à en faire profiter autrui.
21. Ce que l’Eternel désire, c’est que toi et tes semblables, vous agissiez de telle sorte que chacun de ces égarés retrouve son juste chemin, afin de rendre Sa Tora grande et glorieuse en la faisant partager par le plus grand nombre.
Ici se termine la Haftara selon le rite séfarade
22. Du fait que vous ne remplissez pas votre mission, voici un peuple – Israël - dépouillé et écrasé par les autres nations ; tous ses jeunes gens sont déprimés, et relégués dans des cachots. On les a pillés et il n’y a personne pour les protéger ; on les a dépouillés et personne n’ordonne à leurs spoliateurs : Rendez ce qui leur est dû !
23. Qui parmi vous prête l’oreille à cela et le prend à cœur ? [Qui] y fait attention et comprend les conséquences que cette passivité peut engendrer à l’avenir ?
24. Qui a livré Ya’akov à la spoliation, Israël aux pillards ? N’est-ce pas l’Eternel, contre qui nous avons fauté, dont on n’a pas voulu suivre les voies, ni obéir à Sa Tora ? Nos malheurs ne sont donc pas fortuits !
25. Alors Il a répandu sur lui la fureur de sa colère et la violence de la guerre. Des flammes l’ont enveloppé de toutes parts, mais il n’a pas compris qu’elles provenaient de Lui, elle l’a consumé mais même alors, il n’a pas pris à cœur ces manifestations patentes du courroux divin.
43.1. Or maintenant, ne désespérons pas de la Délivrance en dépit des propos sévères tenus précédemment, car ainsi a parlé l’Eternel, ton Créateur, ô Ya’akov, Celui qui t’a formé, ô Israël ! Ne crains rien, car Je vais te libérer comme Je l’ai fait en Egypte : Tu es à moi !
2. Quand tu traverseras les eaux au risque de te noyer, Je serai avec toi et te sauverai ; par les torrents, ils ne te submergeront pas ; quand tu marcheras à travers le feu, tu ne seras pas brûlé, à travers la flamme elle ne t’incendiera pas, car jamais Je ne permettrai de te réduire en cendres.
3. C’est que Je suis l’Eternel, pouvant changer à Ma guise les lois de la nature, le Saint d’Israël, ton défenseur. J’ai donné l’Egypte en rançon pour toi, car tu méritais d’être exterminé et J’ai massacré les premiers-nés égyptiens à ta place. De même, lorsque San’hériv (Sennachérib), le fameux roi assyrien, voulut prendre Jérusalem et te tuer, Je lui ai livré Kouch et Sèba (peut-être le port de Saba, au sud-ouest de la mer Rouge) en échange de toi.
4. Parce que tu es cher à mes yeux, digne d’estime et que Je t’aime bien plus que tout autre peuple, Je reporte sur d’autres la colère nourrie à ton encontre. Je livre des hommes à ta place, et des peuples pour racheter ta personne, en choisissant comme victimes ceux qui méritent ce châtiment.
5. Ne crains rien, Je suis avec toi ! Du levant où tu es dispersé Je ramènerai tes enfants, et du couchant Je te rassemblerai.
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