Extrait du traité Zéva’him , p.85b et 86a>
Faut-il enlever de l’autel toutes les parties d’un animal qui y ont été mises par erreur ?
a. Introduction : Il est écrit ( Chémote 29,37) : « L’autel sera saint des saints, tout ce qui touche à l’autel sera sacré ». Autrement dit, même un sacrifice invalidé est « sanctifié » dès qu’on l’a mis sur l’autel, et il est offert sur place.
Du verset ( Vayikra 1,9) : « Le Cohen brûlera tout sur l’autel », la cinquième michna du neuvième chapitre de Zéva’him déduit qu’il faut brûler avec la chair d’un holocauste certaines parties qui y sont encore attachées : la laine qui est sur la tête des moutons, les poils de la barbe des boucs, les os, les tendons, les cornes et les sabots.
Si ces différentes parties sont détachées de la chair, il ne faut pas les monter sur l’autel, car il est dit (Dévarim 12,27) : « Tu sacrifieras tes holocaustes, chair et sang » – sous-entendu, seulement eux, et pas ce qui est détaché de la chair.
La Guémara va montrer que ces règles ne font pas l’unanimité.
b. Traduction du passage
Une baraïta enseigne : « Le Cohen brûlera tout sur l’autel », y compris les os, les tendons, les cornes et les sabots. On aurait pu croire qu’il faut les brûler même s’ils sont détachés de la chair de l’animal. C’est pourquoi, la Tora ajoute : « Tu sacrifieras tes holocaustes, chair et sang ».
S’il n’y avait eu que ces deux derniers termes, on aurait pu croire qu’il fallait arracher les tendons et les os pour brûler uniquement le sang et la chair. Mais la Tora a rejeté par avance cette hypothèse en disant : « Le Cohen brûlera tout sur l’autel ». Comment concilier alors les deux versets ? A l’évidence, la Tora recommande de brûler sur l’autel les os, les tendons, les cornes et les sabots encore attachés ; lorsqu’ils sont détachés, même s’ils ont été mis par erreur sur l’autel, il faut les enlever.
Qui est l’auteur de cette baraïta ? Rabbi Yéhouda Hanassi. En effet, une autre baraïta présente une discussion à ce sujet : Selon un premier Sage, anonyme, « Le Cohen brûlera tout sur l’autel », y compris les os, les tendons, les cornes et les sabots, même détachés du corps de l’animal. D’après lui, le verset : « Tu sacrifieras tes holocaustes, chair et sang » vient nous apprendre que seuls les lambeaux de chair – mais pas les tendons ni les os – doivent être remis sur l’autel s’ils sont tombés avant d’être entièrement brûlés.
Pour Rabbi Yéhouda Hanassi, ce verset vient limiter le commandement : « Le Cohen brûlera tout sur l’autel » en l’appliquant uniquement aux parties encore attachées à la chair de l’animal.
. Rabbi Zeira précise : Rabbi Yéhouda Hanassi exclut seulement les parties détachées qui se retrouvent plus bas que la chair de l’animal. Mais si elles sont au-dessus et donc plus proches du foyer de l’autel, elles doivent être brûlées.
. Rava demande : Est-ce à dire que, d’après Rabbi Yéhouda Hanassi, il faut les brûler lorsqu’elles sont au-dessus de la chair, même si elles se sont détachées avant d’avoir été mises sur l’autel ? Pourtant, elles ont été exclues par le verset : « Tu sacrifieras tes holocaustes, chair et sang » !
Mais en vérité, explique Rava, Rabbi Zeira a déclaré : La recommandation d’enlever de l’autel les parties qui ne sont plus attachées à la chair n’était nécessaire que pour celles qui se sont détachées après l’aspersion du sang. En revanche, celles qui s’étaient déjà détachées auparavant n’étaient plus destinées à être brûlées sur l’autel ; en conséquence, elles n’ont plus aucun caractère de sainteté après l’aspersion et on peut s’en servir pour n’importe quel usage profane, fût-ce pour en faire un manche de couteau.
Rabbi Zeira, explique encore la Guémara, approuve l’interprétation exégétique rapportée par Rabbi Yo’hanane au nom de Rabbi Yichma’el, à savoir : La Tora a employé la même expression – « C’est à lui qu’il appartiendra » – à propos de l’holocauste (‘ Ola*) et au sujet du sacrifice de culpabilité ( Acham*), afin d’établir l’analogie suivante : les os d’une ‘ Ola peuvent servir à n’importe quel usage, comme ceux du Acham. ((>)) |