G0469 - Guemara pour jeudi
Extrait du traité Zéva’him p. 88b.
Les vêtements du grand prêtre ont des vertus expiatoires
Rabbi ‘Inini bar Sassone a expliqué : Pourquoi le passage biblique se rapportant aux sacrifices (dans les sept premiers chapitres de Vayikra) est-il accolé à l’ordre de mettre à Aarone et à ses fils les vêtements sacerdotaux (au début du huitième chapitre) ? Pour enseigner que ces vêtements apportent le pardon, comme les sacrifices.
- la tunique (Koutonète) expie le meurtre, car il est dit (à propos des frères de Yossef, Bérèchite 37,31) : « Ils égorgèrent un chevreau et trempèrent la tunique (de Yossef) dans le sang » ; la tunique plongée dans le sang laissait entrevoir que, dans l’avenir, le meurtre serait expié par la tunique des Cohanim.
- Les pantalons expient la fornication car, selon un autre verset ( Chémote 28,42), les Cohanim devaient porter « des pantalons en soie pour couvrir la chair de leur nudité ».
- Le turban (Mitsnéfète) expie l’arrogance. En effet, explique Rabbi ‘Hanina, cette coiffe sur le haut de la tête expie, en toute logique, les manifestations d’arrogance d’une personne hautaine !
- La ceinture (Avnète), attachée au niveau du cœur, expie les pensées pécheresses suscitées par le cœur.
Voilà pour les vêtements portés par chaque Cohen, auxquels s’ajoutent ceux du grand prêtre :
- Le pectoral (‘Hochène) expie l’injustice, puisqu’il est appelé « ‘Hochène Hamichpate » (ibid 28,15), « le pectoral du jugement ».
- Le tablier (Ephod) expie le péché de l’idolâtrie, car ils sont associés l’un à l’autre dans le verset (Hochèa’ 3,4) : « Ni éphod ni pénates ».
- Le manteau expie la médisance. En effet, explique Rabbi ‘Hanina, le son des clochettes suspendues à ce vêtement expie, en toute logique, la voix de la médisance.
- Enfin, le diadème (Tsits) expie l’impudence. En effet, il est écrit à propos du Tsits ( Chémote 28,38) : « Il sera sur le front d’Aarone », et à propos de l’impudence ( Yirmeya 3,3) : « Tu avais le front d’une courtisane ». ((>))
Les vêtements sacerdotaux expient-ils réellement tous ces péchés, interroge la Guémara ? Pourtant Rabbi Yéhochoua’ ben Lévi a déclaré : Il y a deux péchés qui ne sont pas pardonnés par les sacrifices, mais par autre chose : le meurtre est expié par la génisse dont on brise le cou (‘Egla ‘Aroufa*.) et la médisance par l’encens. En effet, Rabbi ‘Hanina déduit que l’encens a des vertus expiatrices du verset ( Bamidbar 17,12) : « Il mit l’encens et fit propitiation sur le peuple » – et l’Ecole de Rabbi Yichma’el a précisé que l’encens, brûlé par le grand prêtre sans être vu par les autres, expie la médisance prononcée, généralement, en l’absence de la personne visée. Il apparaît que Rabbi Yéhochoua’ ben Lévi contredit Rabbi ‘Inini bar Sassone sur deux points, puisqu’il affirme que la médisance et le meurtre ne sont pas expiés par les vêtements sacerdotaux !
En vérité, répond la Guémara, les deux enseignements ne sont pas contradictoires. - Quand l’assassin n’est pas connu, son meurtre est expié par la ‘egla ‘Aroufa, comme l’a rappelé Rabbi Yéhochoua’ ben Lévi. Quand le coupable est connu, la tunique des Cohanim préserve la collectivité du châtiment, conformément à l’enseignement de Rabbi ‘Inini bar Sassone.
Si l’assassin est connu, objecte la Guémara, il est passible de la peine capitale et la collectivité est châtiée si on ne le met pas à mort, puisqu’il est dit ( Bamidbar 35,33) : « Car le sang est une souillure pour la terre, et la terre où le sang a coulé ne peut être lavée de sa souillure que par le sang de celui qui l’a répandu » !
Réponse : L’auteur d’un meurtre avec préméditation ne peut être condamné à la peine capitale s’il n’a pas été dûment averti avant de commettre son crime ; dans ce cas, la tunique des Cohanim préserve le peuple du châtiment.
- Quant à la contradiction apparente concernant l’expiation de la médisance, on peut la résoudre ainsi : Rabbi Yéhochoua’ ben Lévi se réfère aux paroles de médisance prononcées en privé, expiées par l’encens, brûlée discrètement. Mais la médisance en public est bel et bien expiée par le manteau du grand prêtre, comme l’affirme Rabbi ‘Anani bar Sassone. |