Quelques rapports avec la Paracha, puis traduction
(En général, Parachate Mikèts coïncide avec Chabat ‘Hanouca, qui a sa propre Haftara : Zékharya chap. 2, et le cas échéant, I Mélakhim chap. 6, pour le second Chabat de ‘Hanouca).
L’exercice du pouvoir grâce à la Sagesse divine
(1) Introduction : Ce livre attribué au prophète Yirmeya (Jérémie), retrace l’histoire du peuple d’Israël depuis les derniers jours du roi David, jusqu’à la fin du royaume de Yéhouda (Juda) et de l’époque du premier Temple. Les Principaux évènements contenus dans ce livre sont : Derniers jours de David et couronnement de son fils Chélomo ( Salomon); Règne de Salomon et construction du premier Temple; Schisme du royaume (royaume d'Israël ou de Samarie; royaume de Juda); Règne de Yérov’am (Jéroboam), roi d'Israël; Règne d'A'hav (Achab), roi d’Israël.
Désigné comme successeur par son père, le roi David, Chélomo monte sur le trône à l’âge de 12 ans, Dans une vision nocturne, D.ieu lui a promis à la fois richesse et sagesse, laquelle va se manifester aux yeux de tous lors de l’épisode raconté dans la Haftara.
La Haftararaconte le fameux épisode du « jugement de Salomon » :
Versets 1-6 : Alors que le roi est venu à Jérusalem pour apporter des offrandes de gratitude, deux femmes de mauvaise vie arrivent avec un enfant en prétendant chacune que c’était le sien et que l’autre était mort.
Versets 7-11 : Après avoir répété les arguments des deux femmes, le roi Chélomo demande qu’on lui apporte une épée et menace de couper l’enfant en deux.
Verset 12 : L’une des femmes est prête à renoncer à l’enfant pour qu’il ait la vie sauve, alors que la seconde révèle son imposture en acceptant l’idée du « partage ».
Versets 13-14 : Le roi Chélomo en déduit que la première est la vraie mère et tout le peuple est émerveillé par sa sagesse qui lui a permis de trancher ce litige.
Tout d’abord, on assiste, dans les deux cas, à la réalisation de rêves :
Dans la Paracha,les rêves de Pharaon et ceux de Yossef – qui avait vu depuis bien longtemps que ses frères allaient se prosterner devant lui – deviennent réalité. Parallèlement, la Haftara montre que Chélomo a bel et bien acquis la sagesse que D.ieu lui avait promise dans une vision nocturne.
Mais on peut aussi tirer une leçon importante de ces deux textes parallèles : Yossef prévient Pharaon que sa capacité d’interpréter les rêves lui vient de D.ieu – et non de son intelligence personnelle. Et Pharaon le nomme vice-roi, en disant à ses serviteurs (Bérèchite 41,38) : « Pourrions-nous trouver un homme tel que celui-ci, plein de l’esprit de D.ieu ».
De même, on voit dans la Haftaraque les Enfants d’Israël « furent saisis de respect pour le roi, car ils comprirent qu’une sagesse divine l’inspirait ».
En d’autres termes, c’est grâce à la sagesse divine – plus encore que par leurs talents personnels – que Yossef et Chélomo peuvent assumer avec succès les plus hautes fonctions du pays.
Cette Sagesse leur permet de dévoiler les sentiments cachés de leurs protagonistes : les regrets des frères, dans le cas de Yossef, ceux de la vraie et de la fausse mère dans le cas de Chélomo.
Grâce à sa Sagesse, Yossef va créer l’infrastructure qui va assurer la survie de ses descendants pendant les longues et dures années en exil ; Chélomo, lui, va utiliser la sienne pour écrire l’une des plus belles pages de l’Histoire juive ! ((>))
15. Chélomo s’éveilla et vit que c’était un songe – et non une chose vécue, comme il l’avait pensé pendant son sommeil, tant le rêve était saisissant de vérité. De retour à Jérusalem, il se présenta devant l’Arche d’alliance du Seigneur, offrit des holocaustes et des sacrifices rémunératoires, et donna un festin à tous ses serviteurs.
16. En ce temps-là, deux femmes de mauvaise vie vinrent se présenter devant le roi.
17. L’une de ces femmes dit : « Ecoute-moi, seigneur ! Moi et cette femme, nous habitons la même maison ; j’y ai donné naissance à un enfant, étant avec elle.
18. Trois jours après ma délivrance, cette femme a également accouché. Or, nous vivons ensemble, nul étranger n’habite avec nous la maison, nous seules y demeurons.
19. Pendant la nuit, l’enfant de cette femme est mort, parce qu’elle était couchée sur lui.
20. Elle s’est levée au milieu de la nuit, a enlevé mon fils d’auprès de moi tandis que ta servante était endormie, l’a couché sur son sein, et son fils qui était mort, elle l’a déposé entre mes bras.
21. La plaignante ajoute : Comme je me disposais, le matin, à allaiter mon enfant, il était mort ! Je l’examinai attentivement quand il fit grand jour, et ce n’était pas là le fils que j’avais enfanté !
22. – Non pas ! dit l’autre femme, mon fils est vivant, et c’est le tien qui est mort ! – Point du tout, reprit la première, c’est le tien qui est mort, celui qui vit est le mien ! C’est ainsi qu’elles discutaient devant le roi.
23. Le roi dit alors : « L’une dit : Cet enfant qui vit est le mien et c’est le tien qui est mort ; l’autre dit : « Non, c’est le tien qui est mort ; celui qui vit est le mien ! »
24. Le roi ajouta : « Apportez moi un glaive » ; et l’on présenta un glaive au roi.
25. Et le roi dit : « Coupez en deux parts l’enfant vivant, et donnez-en une moitié à l’une de ces femmes, et une moitié à l’autre. »
26. La mère de l’enfant vivant, dont les entrailles étaient émues de pitié pour son fils, s’écria, parlant au roi : « De grâce, seigneur ! qu’on lui donne l’enfant vivant, qu’on ne le fasse pas mourir ! » Mais l’autre, disait : « Ni toi ni moi ne l’aurons. Coupez ! » Elle n’avait aucune envie d’allaiter un enfant qui n’était pas le sien. Elle voulait surtout que cet enfant meure, lui aussi, afin que sa mère ne puisse pas se réjouir du malheur de sa rivale.
27. Le roi reprit alors la parole et dit : « Donnez-lui l’enfant vivant et gardez-vous de le faire mourir ; celle-ci est sa mère ».
28. Tout Israël eut connaissance du jugement que le roi avait rendu, et ils furent saisis de respect pour le roi, car ils comprirent qu’une sagesse divine l’inspirait dans l’exercice de la justice.
4.1. Le roi Chélomo régna donc sur tout Israël. Il fut accepté avec amour par l’ensemble du peuple qui avait eu une belle preuve de sa sagesse. |