G0509 – Guémara pour mercredi,
Extrait du traité Baba Métsi’a, page 29b
Prendre soin d’un Rouleau de la Tora qu’on a emprunté ou reçu en dépôt
Introduction : On a enseigné dans la michna : « Celui qui trouve des Livres doit les lire tous les trente jours ou les dérouler entièrement s’il ne sait pas lire, pour éviter la moisissure. Cependant, il ne doit pas y apprendre un passage pour la première fois ni le consulter avec un compagnon d’étude ».
a. A ce propos, la Guémara rapporte la baraïta suivante : « Celui qui a emprunté un Rouleau de la Tora n’a pas le droit de le prêter à un tiers. Il a le droit de l’ouvrir et de le lire, à condition de ne pas y apprendre un passage pour la première fois et de ne pas le consulter avec un compagnon d’étude. De même, ajoute un premier maître, anonyme, le dépositaire d’un Rouleau de la Tora doit le dérouler tous les douze mois. Il a le droit de l’ouvrir et de le lire, mais pas à des fins personnelles. Selon Soumakhoss, il faut ouvrir le Rouleau tous les trente jours s’il est neuf, et tous les douze mois s’il est vieux. Pour Rabbi Eli’ézer ben Ya’akov, il suffit de le faire tous les douze mois dans les deux cas ».
A présent, la Guémara reprend la baraïta point par point :
- « Celui qui a emprunté un Rouleau de la Tora n’a pas le droit de le prêter à un tiers ». Pourquoi l’auteur de la baraïta a-t-il parlé d’un Rouleau de la Tora qui se déchire facilement ? Pourtant la même règle s’applique à tout autre objet, même très résistant car Reich Lakich a déduit d’une michna (Guitine 29a) qu’on ne doit pas prêter un objet emprunté ni sous-louer ce que l’on a reçu en location !
Réponse : Il fallait le préciser pour un Rouleau de la Tora car, en l’occurrence, on aurait pu penser que le propriétaire accepte avec plaisir que son bien serve à l’accomplissement d’une Mitsva. L’auteur de la baraïta a donc jugé nécessaire de nous détromper sur ce point.
- L’auteur de la baraïta permet à l’emprunteur d’ouvrir et de lire le Rouleau de la Tora. C’est évident ! Pourquoi le lui aurait-il emprunté s’il n’avait pas le droit de s’en servir ?
Réponse : La baraïta devait préciser que l’emprunteur ne peut apprendre dans le Rouleau de la Tora un passage qu’il n’a jamais étudié.
- L’auteur anonyme de la baraïta a ajouté : « De même, le dépositaire d’un Rouleau de la Tora doit le dérouler tous les douze mois. Il peut l’ouvrir et le lire ». Apparemment, le dépositaire peut « l’ouvrir et le lire » même à des fins personnelles – car on a indiqué auparavant que pour le garder en état, il faut le dérouler tous les douze mois. Cela pose deux problèmes : Premièrement, pourquoi lui permet-on de s’en servir ? Et deuxièmement, la baraïta enseigne juste après qu’il n’a pas le droit de l’ouvrir à des fins personnelles !
En réalité, répond la Guémara, il faut comprendre ainsi l’ajout de la baraïta : Le dépositaire a le droit d’ouvrir le Livre et de le lire quand il le déroule tous les douze mois pour l’aérer, mais il lui est interdit de l’ouvrir à des fins personnelles.
- « Selon Soumakhoss, il faut ouvrir le Rouleau tous les trente jours s’il est neuf, et tous les douze mois s’il est vieux. Pour Rabbi Eli’ézer ben Ya’akov, il suffit de le faire tous les douze mois dans les deux cas ». Apparemment, Rabbi Eli’ézer ben Ya’akov dit exactement la même chose que le premier maître, anonyme. Pourquoi est-il cité à part ?
En réalité, répond la Guémara, il faut corriger la baraïta et adopter la version suivante : « Rabbi Eli’ézer ben Ya’akov demande de dérouler le Rouleau tous les trente jours, qu’il soit neuf ou vieux » – alors que le premier maître, anonyme, se contentait d’une fois tous les douze mois.
b. D’après la michna citée plus haut, « celui qui trouve un Rouleau de la Tora ne doit pas y apprendre un passage pour la première fois ni le consulter avec un compagnon d’étude ». Cet enseignement est contredit par la baraïta suivante, tirée de la Tossefta : « Celui qui trouve un Rouleau de la Tora doit prendre des précautions pour ne pas le déchirer : il lui est interdire de lire deux fois le même passage, de lire et de traduire ce passage, de dérouler plus de trois pages ensemble, et de le lire à trois » – sous-entendu, à deux c’est permis !
Abayè répond : Les deux enseignements ne sont pas contradictoires. La michna interdit de lire à deux le même passage, car chacun risque de tirer la page à soi et de la déchirer. La baraïta, elle, permet à deux individus de lire des passages différents : puisqu’ils n’étudient pas la même page, ils ne risquent pas de l’arracher.((>)) |