G0517 – Guémara pour jeudi,
Extrait du traité Zéva’him p. 115b
A partir de quand les Cohanim ont-ils remplacé les premiers-nés pour le culte sacrificiel ?
Introduction : Rav ’Hisda a affirmé au nom de Rabbi Assi que les premiers-nés furent déchargés du culte sacrificiel au moment de la Révélation. Rav Houna bar Rav Ketina lui a opposé une baraïta qui établit que les premiers-nés ont poursuivi leur Service pendant des mois, jusqu’à l’édification du Tabernacle.
A cela la Guémara répond que cette question fait l’objet d’une discussion entre deux maîtres, cités dans la baraïta suivante :
Guémara : Pour Rabbi Yéhochoua’ ben Kor’ha, le commandement adressé à Moché au pied du mont Sinaï (Chémote 19,22) : « Que même les Cohanim qui s’approchent habituellement se considèrent comme insuffisamment saints (pour venir sur la montagne), de peur qu’Il sévisse contre eux » visait les premiers-nés qui, jusqu’à l’édification du Tabernacle, assumaient la tâche des Cohanim.
En revanche, selon Rabbi, les « Cohanim en question ne désignent pas les premiers-nés, qui n’étaient déjà plus en Service, mais Nadav et Avihou*.
Certes, argumente la Guémara, d’après ce dernier avis, on comprend qu’au moment où Nadav et Avihou furent brûlés vifs pour avoir apporté un feu étranger au Tabernacle, Moché déclara (Vayikra 10,3) : « C’est ce que l’Eternel avait dit : Je vais être sanctifié par ceux qui M’approchent » ; D.ieu avait annoncé qu’Il sévirait contre Nadav et Avihou s’ils dépassaient les limites qui leur avaient été imparties. Mais d’après Rabbi Yehochoua’ ben Kor’ha, qui affirme que l’injonction de ne pas s’approcher de D.ieu outre mesure s’adressait aux premiers-nés, où D.ieu avait-il annoncé par avance à Moché la mort de Nadav et Avihou ?
Réponse : Il y avait fait allusion le jour où il avait donné l’ordre de construire le Tabernacle, dans le verset (Chémote 29,43) : « C’est là que Je me mettrai en rapport avec les Enfants d’Israël, et ce lieu sera consacré par Ma majesté » (Bikhvodi). Le texte de la Tora étant sans voyelles, au lieu de Bikhvodi on peut lire Bikvoudaï, « c’est par les hommes qui M’honorent que Je serai sanctifié ». Cette chose, le Saint béni soit-Il l’avait dite à Moché, qui ne put la comprendre jusqu’à la mort de Nadav et Avihou. A ce moment-là, il déclara à Aarone : « Mon frère ! Tes fils sont morts dans le seul but de sanctifier le nom du Saint béni soit-Il. Accepte la mort de tes fils en silence et tu en seras récompensé ! » Effectivement, « Aarone garda le silence » (Vayikra 10,3) et, en récompense, D.ieu s’adressa à lui tout seul pour lui intimer l’ordre, juste après la mort de ses deux fils, de ne pas entrer dans le Tabernacle après avoir bu du vin. De même, David déclare (Téhilim 37,7) : « Garde le silence devant l’Eternel et espère (Vehit’holel) en Lui ». Autrement dit, garde le silence même s’Il sème la mort (‘Halalim) chez toi ! De même, Chélomo dit (Kohélète 3,6) : « Un temps pour se taire et un temps pour parler » – parfois on se tait et ce silence est récompensé, parfois on parle et ces paroles sont récompensées.
L’idée que la mort des Justes apporte une sanctification du nom de D.ieu peut être perçue aussi, selon Rabbi Yo’hanane, dans le verset (Téhilim 68,36) : « Tu apparais redoutable, D.ieu (Elokim), du fond de Ton Sanctuaire (Mimikdachékha) ». Le texte de l’Ecriture étant sans voyelles, au lieu de «Mimikdachékha », on peut lire «Mimekoudchékha », « par ceux qui Te sanctifient » ; en outre, le nom Elokim fait allusion à l’Attribut de la Justice. En conséquence, le verset se comprend ainsi : quand D.ieu apparaît-Il redoutable ? Lorsqu’Il exerce Sa justice contre ceux qui Le sanctifient.((>)) |