G0533 - Guemara pour dimanche
Extrait du traité Bérakhote p. 6a
L’importance de l’office synagogal et la Présence de D.ieu auprès de ceux qui étudient la Tora
a. Introduction
Dans ce passage, la Guémara va démontrer, versets à l’appui, que la prière a plus de chances d’être agréée à la synagogue et que la Présence divine réside parmi ceux qui étudient la Tora.
Incidemment, elle énoncera un principe important : quand l’intention d’accomplir une Mitsva n’a pu aboutir à cause d’une force majeure, elle est comptée comme si elle avait été réalisée.
b. Guémara : Dans une baraïta*, Aba Binyamine enseigne : La prière n’est entendue qu’à la synagogue, car le roi Chélomo (Salomon) dit lors de l’inauguration du premier Temple (I Mélakhim 8,28-29) : « Cependant, Eternel mon D.ieu, tu accueilleras la prière et les supplications de ton serviteur, pour écouter les chants de dévotion et la prière qu’il t’adresse aujourd’hui en ce lieu ». Il laisse entendre que c’est là, au Temple, ou dans tout autre édifice public consacré aux dévotions que la prière sera exaucée.
Ravïn bar Rav Ada dit au nom de Rabbi Yits’hak : D’où savons-nous que le Saint béni soit-Il se trouve à la synagogue ? Du verset (Téhilim 82,1) : « D.ieu se tient dans l’assemblée divine », c’est-à-dire là où l’assemblée se réunit pour chanter la gloire divine.
Et d’où savons-nous que la Présence divine se trouve avec tout quorum de dix hommes réunis dans un lieu de prière improvisé ? De ce même verset : « D.ieu se tient dans l’assemblée divine ». Or, dans l’Ecriture, l’« assemblée » la plus réduite est celle des dix explorateurs qui ont dissuadé le peuple d’entrer en Terre Promise (voir Bamidbar 14,27).
Et, avait ajouté Rabbi Yits’hak, d’où apprenons-nous que la Présence divine se trouve avec trois juges qui siègent pour régler une affaire pécuniaire ? De la suite du verset des Téhilim : « Il juge au milieu des magistrats » (élohim) ; le mot élohim désigne un tribunal de trois juges (voir Sanhédrin 3b).
D’où savons-nous, encore, que la Présence divine se trouve avec deux hommes assis ensemble pour étudier la Tora ? De cet autre verset (Malakhi 3,16) : « Alors ceux qui craignaient l’Eternel se parlèrent l’un à l’autre et D.ieu écouta, entendit, et un livre du souvenir fut écrit devant Lui en faveur de ceux qui craignent l’Eternel et pensent à Son nom » ; autrement dit, D.ieu écoute les paroles de ceux qui Le craignent, parce qu’ils parlent ensemble de la Tora.
Avant de citer la suite de l’enseignement de Rabbi Yits’hak, la Guémara demande, incidemment : Quel est le sens de l’expression : « ceux qui pensent à Son nom » ? Rav Achi explique : Quand une personne a pensé accomplir un commandement et en a été empêchée pour des raisons indépendantes de sa volonté, l’Ecriture le lui compte comme si elle avait traduit sa pensée en acte.
Après cette courte parenthèse, la Guémara rapporte la suite de l’enseignement de Rabbi Yits’hak : Et d’où savons-nous que la Présence divine se trouve même avec un seul homme qui étudie la Tora ? Du verset (Chémote 20,21) : « En quelque lieu que Je fasse invoquer Mon nom, Je viendrai vers toi (même si tu es tout seul) et Je te bénirai ».
Mais, objecte la Guémara, puisque d’après ce dernier verset, même un étudiant solitaire est digne de la Présence divine, pourquoi était-il nécessaire d’indiquer, verset à l’appui, que l’Eternel se trouve auprès de deux personnes qui échangent des paroles de Tora ?
Réponse : Le verset de Malakhi nous apprend que les paroles de deux personnes qui étudient ensemble sont inscrites dans « le livre du souvenir » ; en s’éclairant mutuellement, ils parviennent à la vérité, qui mérite d’être gardée en mémoire. Un étudiant solitaire, lui, bénéficie de la Présence divine, sans que ses paroles, sujettes à l’erreur, soient inscrites dans le livre du souvenir.
Mais, objecte encore la Guémara, puisque même deux étudiants ont le privilège de la Présence divine, pourquoi Rabbi Yits’hak a-t-il eu besoin de préciser qu’il en va de même pour trois juges ?
Sans cette précision, répond la Guémara, on aurait pu penser que rendre la justice assure, somme toute, la sauvegarde de la paix sociale et ne confère pas, comme l’étude désintéressée de la Tora, le mérite d’accueillir de la Présence divine. Aussi Rabbi Yits’hak a-t-il montré, verset à l’appui, que juger selon les règles de la Halakha est une forme d’étude – pratique – de la Tora.
Mais, interroge encore la Guémara, si trois juges sont dignes de la Présence divine, pourquoi fallait-il préciser qu’une communauté de dix hommes en bénéficient, eux aussi ?
Réponse : Là où dix hommes ont prévu de se réunir, « l’Eternel se tient » avant même qu’ils n’arrivent. En revanche, la Présence divine ne réside pas avant que les trois juges aient commencé à siéger.((>))
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