G 0061 - Guémara pour lundi:
Extrait du traité Chabat P.25b
De l’importance de l’allumage des lumières de Chabat
a. Introduction: Pour les lumières qui doivent être allumées le vendredi en l’honneur du Chabat, Rabbi Yichma’el a interdit, dans une michna (Chabat 24b), d’utiliser comme combustible le déchet de poix.
b. Plan du passage
- C’est par « respect du Chabat » que Rabbi Yichma’el interdit d’utiliser le déchet de poix, car il faut prendre ses repas dans une pièce éclairée et ne pas être obligé de fuir la mauvaise odeur du combustible.
- Autres préparatifs « en l’honneur du Chabat »: se laver à l’eau chaude et préparer un beau lit. ((>))
c. Traduction du passage
Pourquoi Rabbi Yichma’el a-t-il défendu d’utiliser du déchet de poix comme combustible? Rava explique: On craint que l’utilisateur, incommodé par la mauvaise odeur, sorte de la pièce.
Et que m’importe s’il sort? lui objecte Abayè.
Rava lui répond: J’affirme que, par respect pour le Chabat, les lumières doivent être allumées à l’endroit où l’on mange, car les repas ne sont considérés comme importants que dans une pièce éclairée.
En effet, ajoute Rava, Rav Na’hmane bar Rav Zavda – ou, selon une autre version, Rav Na’hmane bar Rava – a dit au nom de Rav: L’allumage d’une lumière en l’honneur du Chabat est obligatoire, alors que le lavage des mains et des pieds à l’eau chaude le vendredi en fin d’après-midi est facultatif. D’après moi, ce lavage est une Mitsva, même s’il n’est pas vraiment obligatoire. Quelle Mitsva accomplit-on de la sorte? Celle de faire honneur au Chabat, comme il ressort de ce témoignage de Rav Yéhouda au nom de Rav: Chaque vendredi, on apportait à Rabbi Yéhouda bar ‘Elaï une cuvette remplie d’eau chaude et il se lavait la figure, les mains et les pieds. Ensuite, il s’enveloppait d’un vêtement en lin avec des Tsitsiote en laine accrochées aux quatre coins, conformément au commandement de la Tora (Bamidbar 15,37-38) et il ressemblait ainsi à un ange de l’Eternel. Ses élèves cachaient les pans de leurs vêtements qui étaient sans Tsitsiote. Quand il s’en rendait compte, il leur disait: « Mes fils ! Ne vous ai-je pas enseigné que, contrairement à celle de Chamaï, l’Ecole de Hillel, suivie par la Halakha, demande de mettre des Tsitsiote de laine sur un vêtement en lin, car la Mitsva des Tsitsiot « repousse » l’interdiction de porter un vêtement Cha’atnez*, constitué de laine et de lin tissés, cousus ou attachés ensemble?
Ses élèves, explique la Guémara, pensaient que les Sages l’avaient interdit de peur qu’on en vienne à le faire aussi pour un vêtement de nuit, dispensé des Tsitsiote ; on commettrait alors une transgression en portant un habit Cha’atnez sans accomplir la Mitsva repoussant l’interdit de la Tora.
Pour montrer l’importance de l’allumage des lumières et du lavage du corps en l’honneur du Chabat, la Guémara rapporte cette déclaration du prophète Yirmeya (Jérémie) après la destruction du Temple (Eikha 3,17): « Mon âme a dit adieu à la paix, j’ai perdu jusqu’au souvenir du bonheur ». A quoi fait-il allusion? Selon Rabbi Abahou, le début du verset: « Mon âme a dit adieu à la paix » traduit le regret du prophète de ne plus avoir les moyens, en exil, d’allumer les lumières en l’honneur du Chabat ; sans elles, il n’est pas « en paix », car il trébuche dans l’obscurité et se fait mal en tombant.
Et d’après Rabbi Yirmeya, dans la suite du verset: « J’ai perdu jusqu’au souvenir du bonheur », le prophète déplore de ne plus pouvoir se laver dans les bains publics. Ou, selon Rabbi Yo’hanane, de ne plus avoir la possibilité de se laver les mains et les pieds à l’eau chaude. Ou bien, suivant Rabbi Yits’hak le Forgeron, de ne pas avoir un lit avec de beaux draps. Pour Rabbi Aba, « le bonheur » évoqué par le prophète, c’est celui des disciples des Sages qui retrouvent, le vendredi soir, un lit bien préparé et leur digne épouse.
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